Kaelyn & Nickolas

Plus perturbé que moi, ça ne pouvait pas exister. La veille, j’avais revu Kaelyn, l’amour de ma vie, dans des circonstances pas très favorables. Premièrement je n’avais jamais voulu la croiser de la sorte, je n’avais pas voulu qu’elle me voit alors que j’étais tranquillement en train de boire un café dans un bar de la ville. J’aurais voulu préparer notre rencontre, mais non, il avait fallu que je sois naïf en pensant que jamais je ne la croiserais dans un lieu comme celui-ci. Eh bien, le tout puissant là-haut, m’avait puni. Rongé par la culpabilité, je n’avais pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Chaque fois que j’avais fermé les paupières, le visage baigné de larmes de Kaelyn s’était imprégné dans mon esprit. J’étais un monstre.
Alors au lit de dormir j’avais continué de remplir la paperasse pour la boite de strip que j’étais en train de reprendre. J’avais fait de nouvelles commandes et avais regardé les candidatures de quelques personnes mais je m’étais rapidement arrêté, incapable de me concentrer plus longtemps. Au final, je m’étais affalé sur mon lit – au matelas tout déformé par le passage de milliers de personnes – et m’étais calé devant le vieux poste de télévision de ma chambre, zappant et comatant devant les imbécilités qui passaient sur l’écran. Ce fut sur le coup des sept heures et demie du matin que je me levais enfin. Une tasse de café ne pouvait que me faire le plus grand bien.

Le seul café que je pouvais me préparer dans cette chambre miteuse était la chose la plus dégueulasse qu’il m’ait été donné de boire, mais je ne pouvais rien faire sans un peu de caféine alors je le buvais quand même. Calé contre le meuble de la cuisine, sirotant ce jus de chaussette dont la couleur tirait plus vers le beige/vert caca d’oie que la couleur véritable du café, je me grillais une clope tout en réfléchissant. Une réflexion, une latte, une réflexion, une latte. Devais-je rappeler Kaelyn ? Une latte. Etait-ce la bonne chose  à faire ? Une latte. Si elle m’avait donné son numéro, c’était qu’elle souhaitait que je la rappelle non ? Une latte. Je recrachais lentement la fumée, laissant cette dernière former une paroi entre la chambre et moi. « C’est peut-être pas la meilleure chose à faire, mais c’est ce qu’elle veut. » me lança une petite voix. En effet, Kaelyn m’avait demandé de lui laisser un peu de temps, mais elle voulait que nous nous revoyions. Une petite flamme se ralluma en moi, mais je la fis mourir aussitôt. « Ne pas nourrir de faux espoirs… » m’intimais-je. Je décidais donc de lui envoyer un sms : Kaelyn, c’est Nickolas. Ecoute, je pense que nous devrions discuter de tout ça. Si tu es libre, nous pourrions nous retrouver au lac. J’y serais tout l’après-midi. Si tu souhaites venir, sache que j’y serais, et que je t’attendrais. » Une dernière latte acheva ma réflexion et j’appuyais sur le bouton pour envoyer le sms.

Mon téléphone annonçait midi et demie lorsque je sortais enfin de ma chambre.  Je m’étais préparé mais j’avais enfilé un short long et un tee-shirt basic, il fallait avant tout que j’aille faire un petit tour, histoire d’évacuer le trop plein de colère que j’avais emmagasiné en moi. Deux heures plus tard, vingt-cinq kilomètres de course dans les jambes et vingt séries d’abdos j’étais en nage, essoufflé et épuisé. Enfin un peu plus calme, je retournais rapidement au motel pour prendre une douche et me rendre au lac. Je savais que Kaelyn n’y serait pas déjà, il était deux heures de l’après-midi.

Lorsque je garais ma moto sur place, les lieux étaient vides et les oiseaux piaillaient en voletant au-dessus de l’eau. La fraicheur qui me caressa le visage lorsque je retirais mon casque me fit un bien fou. Mais mon la vibration de mon téléphone dans ma poche m’arracha à la contemplation des lieux. « Le retour du fils prodige. T’as enfin décidé de sortir de taule, frangin. Mais si tu penses pouvoir récupérer tout ce qui t’appartenait avant, n’espère pas trop ;) ». Un message de Julian, mon détestable petit frère. Comment … « Julian … comment as-tu eu mon numéro ? Et comment sais-tu que je sors de taule ?! Tu ne pensais pas que j’étais mort ?! » lui répondis-je. Mon téléphone se remit aussitôt à trembler entre mes doigts : « Réfléchis frangin … j’ai enfin tout ce que je désirais. » Tout ce qu’il … Quoi ?!

Il m’avait fallu quelques secondes pour comprendre, mais la haine n’était toujours pas redescendue. Les mains enfouies dans les poches, face au lac, la mine renfrognée voire haineuse, je ne cessais de retourner ses mots dans ma tête. Ce qu’il avait toujours voulu … c’était Kaelyn. Non, je refusais de croire une telle chose. Et comment pouvait-il savoir que j’avais été en prison ?! Les mâchoires serrées, j’attendais que Kaelyn vienne au rendez-vous – si elle décidait de s’y rendre bien sûr.

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Kaelyn & Nickolas

Kaelyn ne me fit pratiquement pas attendre. Pourtant j’aurais souhaité qu’elle me fasse poireauter, histoire que ma haine ait le temps de redescendre. Evidemment, je n’avais pas tout saisi, mais si mon « frère » m’avait envoyé ce message, ce n’était pas sans raison. Et s’il avait eu mon numéro, c’était forcément que Kae’ et lui s’étaient vus, je n’avais donné mon nouveau numéro à personne d’autre. La haine qui était monté en moi, comme une flèche, n’était pas redescendue depuis, faisant battre mon cœur à un rythme effréné, obligeant mon sang à pulser violemment dans les veines. J’avais dû respirer et expirer longuement pour ne pas courir frapper dans quelque chose jusqu’à ce que la douleur de mes mains fasse disparaître ma haine. Mais j’aurais réagis comme ça avant, mais maintenant je savais me calmer, je savais prendre sur moi pour ne pas laisser ma colère me submerger et faire de moi une arme. J’avais tué un homme à cause de cette colère, à cause d’un excès et j’avais fait de la taule pour ça alors …

L’air frais du lac m’aida à me calmer, mais je gardais les poings serrés dans les poches de mon jean. Quelques couples, bras dessus, bras dessous, passèrent près de moi sans même daigner me jeter un regard, à moi, le monstre, moi l’homme démuni et sans cœur. Kaelyn. Je revoyais encore son visage, ses yeux rougis pas les larmes, ses joues humides et sa lèvre boudeuse. Ses yeux emplis de souffrance et de haine pour moi, ses traits avaient mûris en deux ans. Elle était une femme, une vraie et je m’en voulais de la faire encore souffrir. Qu’avais-je pensé ? Que je n’aurais pas le temps de dire ouf qu’elle serait déjà dans mes bras en me disant que je lui avais terriblement manqué, que j’étais l’amour de sa vie et qu’elle savait que je reviendrais ? Foutaises. Elle avait fait son deuil, elle avait continué sa vie, était passée à autre chose, et voilà que je réveillais ses vieux démons, que je rouvrais ses plaies. J’avais été égoïste en ne voyant que mon amour pour elle. « Nick ? » cette voix mélodieuse, aux accents timides me sortit de ma rêverie. Lentement je tournais la tête vers elle. Je devais avoir la mine sévère car elle recula légèrement lorsque je lui fis face. Je ne l’avais même pas entendue arriver, bien trop accaparé par mes pensées empreintes d’une naïveté débile. De sa voix tremblante elle me dit : « …Tu as dit que tu voulais discuter alors… Je suis là, je t’écoute. » Je lui offris un léger sourire avant de me tourner complètement vers elle. Je ne pus m’empêcher de laisser mes yeux se balader sur son corps. Sa peau de pêche, hâlée par le soleil, ses cheveux blonds tombant sur ses épaules, légèrement, gracieusement, auxquels le soleil donnait une luminosité indescriptible, ses épaules légèrement crispée et son visage … son visage traduisait une gêne ou tout du moins un sentiment que je n’arrivais pas à déchiffrer. Je fis un pas dans sa direction, me rapprochant légèrement d’elle, mais m’obligeant à ne pas envahir son espace personnel, je ne voulais pas qu’elle me trouve intrusif. « Laisse-moi du temps… » m’avait-elle demandé. Et je respectais son vœu. « Kaelyn, je n’étais pas sûr que tu viennes … Merci. » commençais-je tout d’abord, en lui offrant un sourire contrit.

Il fallait que je regarde autre chose. Kaelyn… nous avions vécus bien trop de choses ensembles pour que je la regarde comme une simple … personne. Je devais me maîtriser pour ne pas la toucher, la serrer dans mes bras et humer son parfum. Et la regarder, seulement la regarder, provoquait en moi un désir que je ne pourrais peut-être plus assouvir. Mon amour pour elle ne s’était jamais éteins. Je brûlais encore pour elle. Rapidement, je trouvais plus intéressant de me concentrer sur le lac qui nous faisait face, du moins si ce n’était plus intéressant, c’était la bonne solution pour ne pas succomber. « Je … Kaelyn, je te dois des explications… et après ça, je comprendrais que tu veuilles m’évincer de ta vie, je comprendrais que tu me dises de dégager de ta vie… » lançais-je, tout en portant une main à mes lèvres, passant l’index sur celles-ci. Mais avant toute chose il fallait que je sache. Je me tournais légèrement vers elle, plantais une nouvelle fois mes yeux dans les siens, océan arctique qui manquait de justesse de m’engloutir. « Mais avant toute chose j’ai une question à te poser … Es-tu, hmm proche de mon frère ?! » comment aborder le sujet ? Je n’avais rien trouvé de mieux, moi, l’amputé des sentiments. Julian m’avait paru clair, et jamais il ne m’avait caché qu’il était très attiré par ma fiancée. Depuis toujours, depuis le début, il avait nourri de fiévreux désirs de posséder Kaelyn. Et il m’avait toujours fait comprendre que pour lui tout ceci n’était qu’un jeu. Tout ce qu’il voulait c’était ajouté Kaelyn à son tableau de chasse. Comme un trophée. Mais jamais la belle blonde n’avait représenté une proie à mes yeux, non, ça c’était Julian. Je n’avais jamais joué avec les femmes. Et surtout pas avec Kaelyn qui avait été toute ma vie, qui était tout pour moi.

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Kaelyn & Nickolas

« Je… Je ne voulais pas que tu l’apprennes comme ça. Julian et moi on… On est fiancé. » Ses mots me firent suffoquer, mon cœur rata un battement tandis que la douleur se propageait dans tout mon être. Fiancé. Mes oreilles se mirent à bourdonner et j’eu un mouvement de recul, mon pied partit en arrière. Il fallait que je m’écarte. Je n’aurais jamais dû revenir. Jamais. Mais maintenant que j’étais là, j’allais tuer cet enfoiré. J’allais … Je me détournais rapidement de la jolie blonde – qui n’était désormais plus à moi. Je voyais rouge. La douleur qui engourdissait mon corps était paralysante, la douleur paralysait mes pensées, m’empêchait de réfléchir. Sans m’en rendre compte, je m’approchais d’un arbre, et levais le poing, prêt à frapper, à m’en faire saigner la main, à m’en péter les phalanges. Je ne rêvais à présent plus que d’une chose : défoncer la petite gueule de celui qui était censé être mon frère. « L’enfoiré ! » hurlais-je tout en me prenant la tête entre les mains. La haine montait en moi comme on remplit un verre d’eau avec un tuyau d’arrosage. Les mots de Kaelyn venaient de me réduire le cœur en miette et je continuais de suffoquer, comme si, de sa petite main manucurée, elle m’appuyait la tête sous l’eau tout en riant aux éclats. Sa belle, son amour, sa déesse était allez se faire réconforter dans les bras de son propre frère. Tout aurait été différent si ç’avait été avec un autre homme mais … Julian. L’enfoiré. Tout ce qu’il avait toujours voulu c’était récupérer Kaelyn pour en faire sa petite femme soumise qu’il se serait fait un plaisir de montrer comme s’il s’agissait d’un trophée. Si je savais tout ça, c’était tout simplement parce que mon frère m’avait tenu ces propos un jour où nous nous étions encore une fois foutu sur la gueule. Il avait planté ses yeux de vipère dans les miens, avait scotché un sourire de requin sur sa bouche et m’avait dit, de sa voix doucereuse : « Un jour mon cher frère, j’aurais ta petite prude de Kaelyn, elle sera à moi, elle m’appartiendra et tout ce que tu pourras faire, c’est la regarder me manger dans la main, parce que tu l’auras tellement faite souffrir, qu’elle verra en moi un sauveur, un homme qui l’aime. Je la ferais mienne pour encore plus la briser après. Et j'espère que ça te fera bien mal ! » Julian me haïssait de tout son corps, de toute son âme. Il m’en voulait parce que je n’avais jamais éprouvé le besoin de trimer pour m’en sortir, que je n’avais pas eu besoin d’être le meilleur à l’école pour être le fils prodige de notre famille. Il m’en voulait d’être le premier enfant de la famille, il m’en voulait parce que j’avais toujours su veiller sur les miens, à contrario de lui. Et surtout il m’en voulait parce que sa copine de l’époque m’était tombée dans les bras, sans que je sache que cette fille était avec mon petit frère. Toute cette rage, cette haine pour moi faisait qu’il ne souhaitait qu’une seule chose : me détruire. Et il avait touché mon point faible. Il avait réussis à avoir Kaelyn.

« …J-Je veux juste que tu saches que ce n’était pas du tout dans un esprit de vengeance » Un rire sans joie s’échappa de ma gorge tandis que je me retournais pour faire face à Kae’. Je baissais les mains dans ma nuque, nouant mes doigts pour qu’ils forment un point d’appui. Les lèvres serrées, je tentais de retenir ma colère, la déchirure qui s’ouvrait un peu plus en moi alors que je posais mon regard sur cette femme que j’avais tant aimé, sur cette femme que j’aimais encore tellement. « Peut-être pas pour toi, mais lui … c’est différent ! » lui répondis-je. Evidemment, elle n’allait pas comprendre de quoi je parlais, c’était évident, il avait dû se faire passer pour cet homme compréhensif, pour une personne aimante et qui se souciait vraiment de la pauvre jeune femme détruite. Il avait dû jouer son rôle à merveille, et Kaelyn, déchirée, Kaelyn que la douleur avait rendue aveugle, s’était jetée à corps perdu dans les bras que lui avait ouverts cet enfoiré de Julian. « Depuis … » je pris une lente inspiration et laissais retomber mes bras le long de mon corps : « Depuis combien de temps ?! » demandais-je d’une voix que la haine avait rendue rauque, éraillée. J’avais l’impression de tomber encore un peu plus en morceaux. « Il a su … il a toujours su que j’étais pas mort… » lâchais-je comme une bombe.  Son sms me le prouvait encore une fois. Au rappel de ce sms qu’il m’avait envoyé, quelques minutes auparavant, j’eu l’impression que mon portable me brulait la cuisse à travers la poche de mon jean.  Si seulement Kaelyn se rendait compte de tout ça. Si seulement …

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Kaelyn & Nickolas

Un an. A peine une petite année qu’ils étaient ensemble, et ils décidaient déjà de se marier. Je n’en revenais pas. C’était incroyable. Kaelyn n’avait été en deuil qu’une seule année avant de tomber dans les bras de MON frère ! Je ne savais plus quoi penser, plus quoi faire. Je tentais de refouler toutes ces émotions violentes qui se livraient bataille en moi mais sans aucun résultat. « Arrête, Nick. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, et tu le sais. Julian ne t’a jamais voulu de mal, on croyait tous les deux que tu étais mort. Je ne sais pas ce que tu es en train d’essayer de faire, mais tu ne me monteras pas contre lui. » A l’écoute de ses mots je m’arrêtais de bouger, de respirer et de penser. Je devais m’en prendre qu’à moi-même, d’après elle. Ce qui n’était pas faux, mais si j’avais fait tout ça c’était pour la protéger, Elle. Mais bien sûr, elle n’en savait rien. Mais ce qui me fit rire – intérieurement – le plus, ce fut ce qu’elle dit à propos de Julian : « il ne t’a jamais voulu du mal ». Cette phrase montrait parfaitement que Kaelyn ne connaissait ABSOLUMENT PAS mon frère. Elle ne voyait pas la vraie personne, ne voyait pas derrière le masque qu’il s’était forgé. Evidemment que Julian me voulait du mal, il m’avait toujours voulu du mal. Il me haïssait tellement, il aurait tout fait pour me briser, pour me piétiner, et aujourd’hui il y était arrivé. Une nouvelle fois je repoussais l’assaut de mes émotions violentes. Je tentais de me détendre, de ma calmer, de prendre un air plus serein et détaché. Mais c’était tellement douloureux de l’entendre dire que je n’arriverais pas à la monter contre Julian, contre son fiancé. Ce n’était pas ce que je voulais faire, je n’étais pas pourri jusqu’à la moelle comme lui, et surtout je ne voulais pas faire souffrir Kaelyn, mais tout ce que je voulais c’est qu’elle ouvre sur les yeux. « Ecoute, je ne suis pas venue pour t’entendre insulter Julian. Je sais que tu es en colère, et que tu ne t’y attendais pas, et je suis désolée. Comme je t’ai dit, je ne voulais pas que tu l’apprennes de cette façon. Mais… » Insulter Julian, insulter son futur mari, l’homme qu’elle aimait et chérissait à présent, l’homme avec qui elle couchait … une nouvelle vague de haine, de dégout se propagea en moi et je serais violemment les poings à m’en faire blanchir les jointures. Oh j’aurais pu faire pire que l’insulter. S’il s’était retrouvé devant moi, à cet instant précis, j’aurais été capable du pire. J’aurais été capable de tuer mon propre frère, le sang de mon sang, la chair de ma chair. Elle ne voulait pas que je l’apprenne de cette façon … et comment aurait-elle voulu me l’annoncer ? Avec le faire part ? Je fermais quelques secondes les paupières, essayais une nouvelle fois de canaliser mon surplus de colère. Mais c’était peine perdue. A ce moment précis, j’en voulais à la terre entière, au monde entier, à chaque personne marchant sur cette planète. J’en voulais même à mes parents d’avoir mis un être aussi vil que Julian au monde. « … C’est toi qui es parti, Nick. Tu l’as fait de ton propre gré, et ce n’est ni la faute de Julian, ni la mienne je crois. » Elle avait raison. Après une longue inspiration, je rouvris les yeux et plaqué un sourire aimable sur mes lèvres tout en levant les mains en l’air en signe de rédition. « Te monter contre ton … Fiancé ? » je serrais les dents sur le dernier mot : « Jamais de la vie … » Je baissais une main pour chercher mon téléphone dans ma poche. « Tu as totalement raison Kaelyn, je suis parti, j’ai fui, je t’ai lachement abandonnée, je t’ai laissée tomber, je t’ai fait souffrir, je t’ai piétiné le cœur et je suis l’homme le plus monstrueux de cette putain de planète. » dis-je, toujours ce sourire plaisant plaqué sur les lèvres, mais la lave en fusion de ma haine faisant briller mes pupilles : « Seulement, tu n’as aucune idée du pourquoi j’ai été obligé de faire ça. » Rapidement, je pianotais sur mon téléphone pour trouver les messages que venaient de m’envoyer Julian, quelques instants plus tôt. « Ma sœur croit encore maintenant que je suis mort, car je n’ai pas encore pu trouver le courage de la revoir, et de lire dans ses yeux toute cette tristesse qui l’a habitée pendant deux ans. Personne, de toutes les personnes que j’ai aimé et qui ont fait partie de ma vie, ne savent ce qu’il m’est arrivé, et sont au courant que je ne suis pas mort, tu es la seule à savoir ce dernier point Kaelyn… » Je lui tendis le téléphone portable, ouvert sur le sms de mon frère. Dont je n’avais pas encore enregistré le numéro dans mon répertoire – ce que je ne ferais certainement jamais – et je savais pertinemment que Kaelyn le reconnaitrait. Les messages s’affichèrent : « Le retour du fils prodige. T’as enfin décidé de sortir de taule, frangin. Mais si tu penses pouvoir récupérer tout ce qui t’appartenait avant, n’espère pas trop ;) », « Julian … comment as-tu eu mon numéro ? Et comment sais-tu que je sors de taule ?! Tu ne pensais pas que j’étais mort ?! », « Réfléchis frangin … j’ai enfin tout ce que je désirais. » j’attendis que la jolie blonde se saisisse du mobile et j’ajoutais : « Tu ne connais pas aussi bien Julian que moi, Kaelyn. » Une fois le portable entre ses mains, je fis un nouveau pas en arrière, ne supportant plus de me trouver aussi près de cette femme que j’aimais tant. « Et Kaelyn, n’essaie de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Ce n’est pas en deux ans que je suis devenu un gros pourri, surtout pas avec toi. Je ne te monte pas contre Julian. Je te montre des choses … et j’attends seulement que tu daignes me faire un signe, que tu veuilles savoir la vérité sur ce qu’il s’est vraiment passé, sur les raisons de mon départ  … » J’étais un connard, je le savais, mais avec Kaelyn je n’avais jamais agis comme avec les autres personnes. Tout ce que j’avais toujours fait, c’était pour la protéger.

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