"Allez Teresa, viens, s'il te plait ! Tu me ferais trop plaisir !" Tara me faisait ses yeux de chien battu pour que j'accepte d'aller à une soirée avec elle, organisée par des étudiants de notre fac. Je n'avais pas envie d'y aller car je ne me sentais pas à ma place et puis, ça ne m'intéressait pas vraiment. "Tu veux pas plutôt te mettre devant un film ce soir ? J'ai trop envie de regarder Pompéi." Et Tara renchérit pour me dire qu'elle tenait vraiment à aller à cette soirée. Je levai les yeux au ciel et finis par accepter au bout d'un moment. Avec son avis, je m'habillai d'une robe noire et d'une ceinture couleur or serrée à la taille. En chaussures, je restai sobre puisque j'optai pour des ballerines. Accompagnée de cette tenue, je mis un long collier avec une plume et une horloge tout en gardant ma chaîne avec ma croix et à mes oreilles, des créoles. J'étais fin prête pour me rendre au East. Et là, Tara me dit : "Par contre je dois passer par chez moi, on se rejoint au lieu de rendez vous, tiens l'adresse." Elle me marqua l'adresse sur un papier et partit chez elle pour faire je-ne-sais-quoi. Bon ... Je m'occupai en mangeant et en regardant une série américaine et au bout d'une heure, je me rendis à la soirée.

Le lieu de rendez vous était un immeuble où la fête se déroulait sur plusieurs étages. Il y avait des jeunes de partout, aussi bien dedans que dehors. Comme avait dit Tara, c'était la fête de l'année. Je me sentais déjà pas à ma place. J'appelai mon amie pour savoir où elle se trouvait mais elle ne me répondit pas. Je zigzaguai entre les jeunes qui riaient fort, buvaient et fumaient et je me pris un verre de jus d'orange. Je restai plantée là, dans un coin de l'appartement, regardant les personnes autour de moi. Je maudissais Tara en ce moment et j'espérais vraiment qu'elle allait arriver d'un moment à l'autre sinon je prendrais les jambes à mon cou et j'irais me regarder Pompéi comme je le souhaitais. Elle allait me le payer en tout cas.

Soirée beuverie. Si je n’avais pas spécialement des amis proches dans cette ville, il n’empêchait que dès que le mot « sortie » était sur les lèvres, on appelait le criminel. Dans la tête de ces gens, si j’avais passé 2 ans en prison, ça voulait dire que j’étais un dur à cuire, un sorteur invétéré et que je savais mettre le feu. Au sens propre comme au figuré. Ils étaient cons. Y avait pas à dire. Mais ça me faisait rire. Disons que je me moquais plus d’eux que l’inverse. Ils étaient stupides, avec leur pseudo joint à la main. Soit disant, si j’étais chez eux un soir de semaine, leur party était trop « ouf ». Ouais, parfois, je me demandais vraiment si ils n’étaient pas un peu tous retardés dans cette petite ville. Comme si ils avaient oublié de grandir. Enfin bref. Assis sur un fauteuil miteux j’observais les gens autour de moi. Tous déjà bourrés pour la plupart. Avec mon verre de whisky à la main, j’étais encore on ne peut plus sombre. Quand je pense qu’ils se trouvaient trop hors la loi. En prison, j’en avais vu des vrais. Des criminels. Et pour la plupart, au final, ils n’étaient pas si… ignobles. Disons qu’ils passaient le temps, attendant de revoir leur famille laissée derrière. Je sentis alors mon portable vibré contre ma cuisse. Meeeeec t’es où ? Pourquoi t’es pas à la maison ? J’ai pas mal clef !!! Je fais comment pour rentrer ? J’ai besoin de rentrer ! T. m’attend !! Je poussais un profond soupire. Cette sœur ne me laisserait jamais tranquille mon dieu. Et parfois je me demandais si elle n’était pas totalement amorphe aussi. Comment diable pouvait-on sortir de chez soi en oubliant la seule chose importante ? Sa putain de clef. « Imbécile ». Je n’avais absolument aucune idée de qui était T. et je dois dire que je m’en foutais comme de l’an quarante. Je me levais néanmoins de ma place, très vite reprise par un couple aux allures étranges, confondant canapé et hôtel. De toute façon, cette soirée regorgeait de gamins pré pubères, je préférais largement rentrer chez moi. Et sauver la mise de ma chère sœur en même temps. Vidant mon verre d’un cul sec, je commençais à slalomer entre les gens, évitant les lancés de bières massifs. J’étais presque arrivé à la sortie lorsque j’aperçus de longs cheveux blonds. Ah ben tiens. Voilà qui était T. Teresa, la grande amie de Tara depuis qu’on avait emménagé à Queenstown. Je dois dire que je ne comprenais pas vraiment pourquoi elles trainaient ensemble. Je pense qu’en presque six mois je n’avais pas entendu plus de deux mots sortir de la bouche de cette fille. Tellement à l’opposée de ma sœur. Je secouais la tête, après tout, elle attendait cette brune écervelée et elle allait encore l’attendre longtemps. En parfait grand frère de la copine, je m’approchais donc d’elle. « Teresa, c’est ça ? Je suppose que t’attend Tara, je doute que tu sois là de ta propre initiative ». Ouais, on la fait fort, pas de bonjour ni rien. Après tout, ce n’était pas ma pote et elle m’avait toujours paru un peu… étrange. Et j’étais un asocial, alors bon. Bref. « Elle vient de m’envoyer un sms, elle est bloquée chez nous ». Debout devant elle je me fis la réflexion qu’elle était vachement petite la gamine.

Au milieu de cette foule, je ne me sentais pas à l'aise du tout. Je restai dans mon coin à regarder tous les jeunes s'amuser, passer le temps et être dans leur élément. Ce qui n'était pas du tout mon cas. J'avais hâte que Tara arrive pour me sortir de là mais je n'avais aucune nouvelle de sa part, ce qui était assez bizarre d'ailleurs. Je lui en voulais énormément mais au fond de moi, je m'inquiétais. Et si il lui était arrivé quelque chose sur la route ? On ne savait jamais ce qui pouvait arriver en peu de temps et je m'en voulais presque d'avoir pensé me venger. Finalement, je me posai contre un mur, les bras croisés et je regardai trois filles cancaner sur les gens de cette fête. Pathétique ! C'est alors qu'une personne s'approcha de moi et me fit sursauter. Je tournai la tête et c'était Elyo, le grand frère de Tara. Mon dieu, je me mis direct à rougir lorsqu'il m'adressa la parole et je baissai la tête car je me sentais honteuse. Depuis que j'avais fait ce rêve de lui et moi, plutôt intime et proches, je ne voulais pas l'approcher. Je me rendais compte que j'avais envie que ce rêve se réalise mais ce n'était pas possible, il était beaucoup plus vieux que moi et nous n'avions rien en commun. Bref, il fallait que je me ressaisisse sinon il allait se foutre de moi. Il devina que je n'étais pas très à mon aise ici et que j'attendais sa petite soeur.

Oui, c'est ça et tu as bien deviné, il n'y a que ta soeur pour m'amener ici.

Cet homme m'intimidait et je me sentais ridicule comparée à lui qui avait une grande assurance, un physique à tomber par terre mais aussi une voix glaciale et sans émotion. Elyo rajoutait que Tara était coincée chez eux et qu'elle n'était pas prête de venir. Ouf, ce n'était rien de grave ! Je m'inquiétais vraiment pour rien. Je me mordillai la lèvre inférieure, cherchant une solution et lorsque je la trouvai, je bredouillai :

Si tu veux, je peux aller la chercher et elle viendra dormir à la maison. Reste ici pour faire la fête. De toute façon, je suis pas très à l'aise ici.

Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure que je ne voulais pas être ici.

J’haussais un sourcil. Mais que diable avait-elle à rougir ainsi ? Elle semblait même sur le point de s’évanouir. « Euuuh… tu vas bien ? t’as chaud ? » Elle avait quand même pas intérêt à s’évanouir. Je n’avais strictement aucune idée de comment réagir si il lui arriverait de tomber dans les pommes. Merde. Puis il ne faisait pas spécialement chaud non plus. Une sorte d’air co bienvenue emplissait la pièce de par et d’autre. Et elle devait aussi arrêter de se mordiller la lèvre… On ne se mordille pas la lèvre en face d’un garçon parc… mon dieu, Elyo, enlève toi toute de suite ces idées et images. Je secouais la tête vigoureusement, passant ma main dans les cheveux, déposant sur une table mon verre d’alcool. Teresa égale amie de Tara. « La chercher ? Pour quoi faire ? » Elle était quand même à la maison cette idiote. Mais et puis si ça se trouvait madame en avait eu marre d’attendre le retour de son frère, et elle avait déjà fait marche arrière pour revenir ici. « Ouais, je pense pas que c’est une bonne idée. » Je marquais une pause. Ma phrase ne voulait rien dire. « Je veux dire, si ça se trouve, elle est déjà partie, et comme je dois rentrer chez moi, je t’accompagne, on finira bien par la croiser sur le chemin » . Et puis elle n’avait pas spécialement la tête de la jeune fille qui aime s’amuser dans une soirée remplie de gens bourrés, à danser jusqu’au bout de la nuit. Je lui fis signe de me suivre. A travers la foule, je me frayais un chemin afin de sortir de cette ambiance beaucoup trop éphémère. Le temps de sortir, un imbécile avait essayé de me bousculer pour aller - je suppose - vomir tout son saoule aux toilettes les plus proches. Mais mon regard noir lui avait rapidement conseiller de faire le tour. Imbécile. Une fois dehors, je me retournais vers la jeune blonde. « Tara te répond pas ? Elle vient de m’envoyer un message. Bref, faudra quand même que tu m’expliques pourquoi diable tu continues à la suivre dans ces conneries ». Je haussais les épaules, me retournant une fois encore et commençait à marcher dans la nuit.

C'était incroyable comme devant un garçon je rougissais et je me sentais mal à l'aise. Et puis surtout devant Elyo, depuis le rêve que j'avais fait avec lui, je l'évitais le plus possible. Et bien sur, il fallait qu'il soit à la même soirée que moi. Tara avait pas calculé que son frère sortait au même endroit qu'elle avait prévu ?! D'ailleurs, il avait remarqué ma timidité et je ne pus m'empêcher de bafouiller :

Oui... Euh, oui je vais bien.

Je n'avais pas spécialement chaud, ni froid d'ailleurs, j'étais bien. Et pourtant, j'avais mes mains moites, je croisais mes bras devant ma poitrine et m'essuyai discrètement mes mains sur mes bras. Ensuite, Elyo me dit qu'il avait eu sa soeur au téléphone et elle était bloquée devant chez elle vu qu'elle n'avait pas ses clés. J'avais proposé au frère Weaver d'aller la chercher plutôt qu'il parte de cette fête mais il ne comprit pas le but.

Bah si tu veux profiter de la soirée, je peux aller la chercher et elle rentrera chez vous le lendemain.

Je ne comprenais pas tout ce qu'il disait, il devait sûrement réfléchir à voix haute. Finalement, il me proposa de faire le chemin ensemble jusqu'à retrouver Tara qui était sur le chemin. Bon, de toute façon je ne voulais pas rester là plus longtemps, j'étais mal à l'aise et je n'aimais pas ces soirées étudiantes.

Bon bah ... D'accord.

Elyo me fit signe de le suivre et il se fraya un chemin entre les personnes alcoolisées. Je le suivis, me faisant toute petite. Quelques hommes commencèrent à me toucher le bras ou bien les cheveux et j'avançais d'autant plus vite. Finalement, nous rejoignions l'extérieur, l'odeur était bien meilleure et je pris une bouffée d'air frais. Et là, lorsque nous étions dehors, Elyo me demanda si Tara m'avait répondu tout en se demandant pourquoi je restais encore avec elle. Je me mis à hausser les épaules, le regardant droit dans les yeux. Pfiou, il me faisait vraiment de l'effet, mes mains devinrent encore moites.

Non elle ne m'a pas répondu, elle était peut être au téléphone avec toi. Et puis, pour te répondre, j'apprécie ta soeur, on passe de super bons moments ! C'est ma meilleure pote.

L'amitié ne s'expliquait pas, tout comme l'amour.